22.9.11

JE SUIS CONTRE (où je fête sans chanter malheureusement la chance que j'ai de vivre dans un pays qui a condamné la peine de mort il y a 30 ans)

*pour faire écho au post de Caro (une fois n'est pas coutume)

Comme elle, ce matin je me lève avec difficultés, rien à voir avec les courbatures de malade mentale qu'une reprise trop violente de boxe française a entrainé, ni avec le fait que je me rajoute une année au compteur,
non aujourd'hui il y a mille fois plus grave, il y a des barbares, pourtant des êtres humains, pourtant des citoyens d'un pays comme le notre où la justice, cet idéal  fondamental pour la vie sociale et la civilisation, est rendue avec précision, impartialité et égalité,  il y a donc des hommes qui ont choisi de rendre justice cette nuit en tuant un homme.

Qu'il soit coupable ou pas, et j'ai lu partout qu'il n'existe plus aucune preuve tangible qu'il le soit, je suis contre cet acte que je juge barbare. Comment est-il possible que le président des Etats Unis, ce pays, si puissant qu'il déclenche des guerres, ne puisse rien faire contre cela (Les Etats-Unis ont pratiqué 46 exécutions en 2010.)
Un frisson me parcoure l'échine lorsque j'imagine que sans un Robert Badinter il y a 30 ans, nous en serions peut-être encore là nous aussi. Et j'en connais moi des gens qui rêvent du retour de la peine de mort...





"Il n'est pas difficile d'ailleurs, pour qui veut s'interroger loyalement, de comprendre pourquoi il n'y a pas entre la peine de mort et l'évolution de la criminalité sanglante ce rapport dissuasif que l'on s'est si souvent appliqué à chercher sans trouver sa source ailleurs, et j'y reviendrai dans un instant. Si vous y réfléchissez simplement, les crimes les plus terribles, ceux qui saisissent le plus la sensibilité publique - et on le comprend - ceux qu'on appelle les crimes atroces sont commis le plus souvent par des hommes emportés par une pulsion de violence et de mort qui abolit jusqu'aux défenses de la raison. A cet instant de folie, à cet instant de passion meurtrière, l'évocation de la peine, qu'elle soit de mort ou qu'elle soit perpétuelle, ne trouve pas sa place chez l'homme qui tue. Qu'on ne me dise pas que, ceux-là, on ne les condamne pas à mort. Il suffirait de reprendre les annales des dernières années pour se convaincre du contraire. Olivier, exécuté, dont l'autopsie a révélé que son cerveau présentait des anomalies frontales. Et Carrein, et Rousseau, et Garceau. Quant aux autres, les criminels dits de sang-froid, ceux qui pèsent les risques, ceux qui méditent le profit et la peine, ceux-là, jamais vous ne les retrouverez dans des situations où ils risquent l'échafaud. Truands raisonnables, profiteurs du crime, criminels organisés, proxénètes, trafiquants, maffiosi, jamais vous ne les trouverez dans ces situations-là. Jamais ! (Applaudissements sur les bancs des socialistes et des communistes.) Ceux qui interrogent les annales judiciaires, car c'est là où s'inscrit dans sa réalité la peine de mort, savent que dans les trente dernières années vous n'y trouvez pas le nom d'un "grand" gangster, si l'on peut utiliser cet adjectif en parlant de ce type d'hommes. Pas un seul "ennemi public" n'y a jamais figuré." Robert Badinter 17 septembre 1981

12 commentaires:

  1. Je me sens vraiment bouleversée par l’exécution de Troy Davis. J'espère au moins que la mobilisation pourra faire réfléchir l'administration américaine. Je pense souvent que de leur côté c'est sans espoir, qu'ils n'aboliront jamais la peine de mort. Puis je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, le pays où je vis, le pays des droits de l'homme comme on dit, La France, a condamné la peine de mort. Alors je me dis qu'il faut toujours garder l'espoir et la motivation de faire bouger les choses.

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  2. Incompréhension et colère. Tuer un homme ne peut et ne doit jamais être une solution. Quel que soit l'acte commis. Mais lorsque s'immisce une minuscule ombre de poussière de doute, c'est tout simplement inconcevable.
    Joyeux anniversaire malgré tout.

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  3. Je me suis moi aussi réveillée avec la gerbe...

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  4. Comment on peut encore être pour la peine de mort ? Comment exécuter un homme sans preuve en 2011 ?
    Je reste perplexe et sans voix devant tant d'incohérence et d'injustice...
    Happy Bday quand même

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  5. Tu as sa derniere lettre d hier soir ? (frissons :)
    "(...)Il y a tant d'autres Troy Davis. Ce combat pour abolir la peine de mort ne sera pas gagné ou perdu à travers moi, mais à travers notre force à avancer et à sauver chaque personne innocente emprisonnée à travers le monde. Nous devons démanteler ce système injuste, ville par ville, État par État, et pays par pays(...)"

    Anonyme Amandine

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  6. Je ne comprends vraiment pas ce qui peut pousser des gens à condamner un suspect (surement innocent) à mort. 2011, trente ans d'abolition pour nous, sur ce point les USA ont vraiment beaucoup beaucoup trop de retard .. Si Obama décide de l'abolir, je ne trouverai même pas cela extraordinaire, ce serait normal, simplement.
    J'ai 16 ans, et je n'avais jamais vu ces images, merci :)

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  7. Touché !
    Pour une fois, je n'irai pas ajouter un vrai comm, les précédents, ton post et l'article de Caro étant bien mieux écrits que tout ce que je pourrais ajouter je crois ...
    Bob

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  8. Amandine : je rajouterais si tu me le permets "innocente ET coupable"

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  9. (Je ne souhaite rien dire de mal en disant cela, mais il y a une impression de racisme latent derrière... : Combien d'Afro-américains depuis trente ans ont été accusé par la police "blanche", et traités comme des moins que rien pour des faits qu'ils n'ont pas commis ?
    Même si la mentalité évolue petit à petit (Barack Obama est tout de même président des Etats-Unis aujourd'hui...), même si les barrières s'annulent de plus en plus, la communauté afro-américaine reste encore de nos jours l'une des plus pauvres du pays, et ce malgré son ancienneté...
    Bref, le débat n'est peut-être pas là, mais ça me fiche d'autant plus en rogne...).

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  10. Kezako' a raison : tout cela rappelle un peu les lynchages fréquents d'hommes noirs dans le Sud des EU il y a 70 ans, auxquels les bourgeois à peau claire venaient assister en tenue du dimanche, un verre à la main...

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  11. un président comme Obama, pas pour autant révolté ni choqué, tout juste un peu emmerdé par le manque de preuves, ne peut absolument pas changer une exécution prévue avec les pouvoirs qu'il a actuellement...Un guignol comme le nôtre, de président, serait à 2 doigts de vouloir la proposer. Absurde et stupide et rentable. Voilà ce qu'est cette PEINE de mort. Effarés et révoltés nous sommes, comme à 2 doigts de nous bouffer une main tellement c'est insupportable. merde.

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  12. On est d accord ;-)

    Anonyme Amandine

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